La Braderie de l’Art

Créer des œuvres d’art avec des déchets recyclés, on connaît.
Mais le truc avec la Braderie de l’Art de Roubaix, c’est que depuis 30 ans, ils ont poussé le concept jusqu’au bout pour devenir le grand rendez-vous artistique, populaire et circulaire du nord de la France.

Et franchement, c’est un truc à voir.
Visite guidée avec Sabine d’Art Point M, l’asbl qui gère le projet.

Bienvenue à la Braderie de l’Art !

Génial concept

Le principe de base était déjà super lors de la première édition en 1991 (nous y étions) et, depuis, il ne cesse de s’enrichir de nouvelles idées.
En fait, pendant deux jours, des artistes et des collectifs d’artistes créent des œuvres d’art à partir de déchets et de matériaux de récupération qui sont mis en vente en direct au public (à des prix super-démocratiques).

Et l’ambiance est carrément au rendez-vous avec cet esprit festif braderie et brocante si typique du pays des Chtis et autres Picards.  

On visite, on discute, on négocie, on trinque et on grignote en rencontrant des artistes venus du monde entier qui découpent, scient, assemblent et décorent ces matériaux sous nos yeux pour en faire des œuvres originales et uniques.

Artisanat créatif !

« Dès le début, l’idée c’est de créer une bulle où les œuvres d’art ne seraient pas chères.

Et donc, pour qu’elles ne soient pas chères, il fallait que les matières premières n’aient plus de valeur. D’où l’idée de la récup’ à l’époque.
Et ça a marché ».

Sabine d’Art Point M

Et, depuis sa création, ce concept original est toujours le même.

Au moins 150 créatrices et créateurs internationaux invités, des designers, des sculpteurs, des grapheurs, des peintres et artistes iconoclastes qui déploient leurs talents pendant ces deux jours d’évènement dans une friche industrielle réaménagée qui accueille près de 20.000 visiteurs à chaque édition.

Les artistes et créat·eur·trice·s sont prêt·e·s à vous recevoir.

Et depuis quelques années, la Braderie de l’Art met à l’honneur à chaque édition une ville du monde et sa culture. On a eu ainsi Barcelone, Londres, New York ou Rio et, pour bientôt, on nous annonce le Québec (avec même un appel à participation du côté de la Belle Province).
Appétissant, n’est-ce pas ?

« En fait, la braderie de l’art, c’est vraiment un immense atelier de 2 000 m² de créatrices et de créateurs, un événement authentique, un peu hors norme, où ça travaille en live.

Ça meule, ça soude, ça bombe.
Il y a des odeurs et du bruit.
Ça crée aussi cette ambiance si particulière ».

Sabine d’Art Point M
Quelle oeuvre sortira de ce fourneau ?
Ça a déjà l’air chouette !

Arts nouveaux

La Braderie de l’Art, c’est avant tout le rendez-vous de l’art populaire.
Parce qu’une grosse partie du boulot de Sabine et de ses collègues d’Art Point M, c’est de rester à l’affut des tendances créatives les plus trendy et les plus originales. Parce qu’il ne s’agirait pas de s’encroûter dans du déjà-vu.

Du coup, l’un des grands secrets de cet évènement si réussi, c’est la relation établie avec ces artistes.

« C’est essentiel pour nous de rester en contact avec les mutations et les créateurs de notre époque.
On s’efforce toujours de capter des jeunes designers et designeuses qui ont vraiment envie de travailler avec leurs dix doigts et de créer des œuvres uniques.

Les artistes sont sélectionnés sur dossier, leur emplacement leur est fourni gratuitement et tous les matériaux sont mis à disposition.
Nous, on leur assure aussi à boire, à manger et à dormir sur place pendant ces deux jours ».

Les artistes choissisent leurs matériaux.
Que vont-ils nous faire de beau avec ça ?

« Pour conserver cet esprit de la Braderie de l’Art, les œuvres sont vendus entre 1 € et 300 €.

Et, comme ça, l’art est à portée de tous pendant 24 heures non-stop ».

Sabine d’Art Point M
Vous pourriez, par exemple, repartir avec ceci ?
Ou alors avec ça ?

Circulaire par nature

Les matériaux et autres déchets mis à disposition des créatrices et créateurs viennent directement de rebuts et d’invendus fournis par les entreprises locales.
Aujourd’hui, la machine est franchement bien rôdée et fonctionne très bien.

« Au début, c’est vrai qu’on faisait de l’économie circulaire sans le savoir.
On la vivait et on l’expérimentait mais sans la conceptualiser comme aujourd’hui. On faisait nos collectes dans les Emmaüs (l’équivalent des Petits Riens à Bruxelles) et auprès de quelques entreprises par-ci par-là.
Puis, avec le temps, on a perfectionné le système notamment en créant un label en 2013 pour les entreprises locales qui nous fournissent ces matières premières.
Du coup, elles aussi y voient un intérêt.

Une fois les matériaux choisis, on réfléchit et on créé.

Et c’est vrai que c’est devenu une partie importante de notre travail.
Rencontrer ces entreprises, identifier les matières et matériaux disponibles, réfléchir aux formes et aux usages…

Et, ce qu’on constate aujourd’hui, c’est que ces entreprises qui jouent le jeu sont devenues de vrais partenaires.
Leurs collaborateurs aiment bien voir ce que les artistes font de leurs matériaux de travail, ça les intéresse.
Et on a aussi pas mal d’entreprises d’insertion dans ce réseau. Elles sont souvent très motivées ».

On est curieux de voir ce qu’ils vont faire de beau avec ça.

« Pour nous, en tant qu’acteur culturel, c’est super important de créer ces boucles de sociétés entre économie locale, citoyenneté, insertion sociale et économie circulaire.

On a ainsi une plus grande place dans la cité ».

Sabine d’Art Point M

D’un point de vue purement circulaire, les résultats de la Braderie de l’Art sont aussi impressionnants puisque l’asbl Art Point M estime que ce sont à chaque fois près de 2000 mètres cube de brol qui sont retravaillés et mis en vente, soit en trente ans, près de 6000 mètres cube.
Pas mal, effectivement.


À vous les artistes et amateurs

On l’aura compris, la Braderie de l’Art, c’est un fabuleux espace de rencontres entre créatrices et créateurs d’une part et amateurs d’art et de design original et pas cher, d’autre part.

Pour l’avoir fait, on vous le confirme, on rentre à la maison avec des œuvres étonnantes, uniques, esthétiques, parfois bizarres et souvent surprenantes.

On parle beaucoup de démocratiser l’art et la culture.
Eh bien là, c’est clair, on y est !

Si vous êtes amatrices ou amateurs d’art, de culture, de design underground, de déco décalée ou juste simplement d’évènements populaires et festifs, vous devez noter la Braderie de l’Art dans vos tablettes.
C’est facile, c’est le week-end des 3 et 4 décembre prochains à la Condition Publique à Roubaix.

Et c’est clair qu’on s’amuse vraiment !

Et, attention, si vous avez des velléités artistiques (un peu confirmées quand même) et que la participation à ce méga-event artistique, populaire et sympa vous intéresse, n’hésitez pas !
Présentez-vous !

Quelques infos sur ce qui vous attend si vous vous lancez :

« On envoie juste un dossier aux créatrices et aux créateurs dans lequel on leur demande :
Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous faites ?
Et surtout, qu’est-ce que vous avez envie de faire à la braderie de l’art ? Et à partir de quels matériaux ?

En on reçoit à peu près 300 dossiers chaque année.
Et là-dedans, on en prend 150. Donc c’est moitié-moitié.

Mais c’est vrai que c’est de plus en plus quasiment de la programmation. C’est-à-dire que c’est nous qui allons parfois vers les artistes et les collectifs.

Notre travail c’est vraiment d’être au taquet sur ce qui se passe dans tel ou tel atelier.
Là, par exemple, on est à fond dans le textile.

Parce qu’avec les problèmes liés à la fast fashion notamment, le textile devient une matière à part entière et avec des process de design déjà très intéressants ».

C’est beau, original, unique et pas cher.

« C’est très stimulant pour nous de travailler avec de jeunes étudiants, des futurs professionnels, des couturières, des élèves d’écoles de mode…

Donc c’est vrai, le textile c’est l’un de nos prochains sujets pour les deux ou trois éditions à venir ».

Sabine d’Art Point M

Donc, si vous avez dix doigts bien huilés, des idées, quelques réalisations et surtout l’envie de participer à l’un des évènements les plus sympas du moment, allez-y ! Foncez !

Et pour les autres, on s’y retrouve, cet hiver !


Crédits photos : Art Point M. / Jacob Khrist / Sophie Stalnikiewicz


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