No More Benne

Et si on pouvait éviter de tout balancer à la benne à chaque fois qu’on fait des travaux dans la maison ?
Ce serait bien, non ?

Parce que la benne devant la maison qui dégorge de planches, de briques, de tubes et autres tuyaux (souvent réutilisables), c’est quand même pas terrible. Surtout quand on sait qu’une bonne partie de tout cela finira enfoui ou brulé.
Non, c’est pas terrible. On est d’accord.

Mais, monsieur LIVELY, est-ce qu’il y a des solutions ?
Un moyen de faire autrement ? Un truc un peu circulaire ?

Eh bien oui ! Justement. Et, en plus, ça se passe chez nous ici à Bruxelles.
Parce que c’est vrai que si c’était en Chine, ce serait moins intéressant.
Effectivement. Et d’ailleurs, je ne vous en parlerais pas.

Donc c’est ici à Bruxelles ?

Absolument. Et c’est le projet Build Circular.Brussels. Et, pour nous en parler, un invité de marque. Ni plus, ni moins que l’un des responsables du projet, Laurent Schiltz, par ailleurs secrétaire général à la Confédération Construction Bruxelles-Capitale.

Laurent Schiltz, responsable du projet Build Circular.Brussels

Une filière de rénovation circulaire à Bruxelles

Fondamentalement, ainsi que nous l’a expliqué Laurent Schiltz, l’ambition du projet Build Circular.Brussels, c’est clairement de mettre sur pied une filière intégrée de travaux de rénovation et de construction circulaire à Bruxelles.

« Effectivement, notre but c’est que tous les maillons de la chaîne, du concepteur au maître d’ouvrage en passant par l’entreprise qui réalise les travaux, soient conscientisés et mobilisés dans la démarche circulaire.
Concrètement, il s’agit de donner la possibilité aux entreprises du bâtiment, y compris à celles de petite taille, de disposer de l’information et, à terme, des formations pour acquérir les compétences nécessaires en économie circulaire pour les intégrer parfaitement dans leurs activités.
Parce que le changement de pratiques passera forcément par ces professionnels qui sont souvent les interlocuteurs privilégiés des clients, notamment les particuliers ».

Et dans ce cadre, le rôle du projet Build Circular.Brussels, c’est de permettre à l’entrepreneur de proposer à son client les meilleures solutions possibles.
« À tout moment, l’entreprise que vous aurez contactée pourra nous solliciter avec votre demande pour disposer des meilleures solutions techniques.
Notre service d’accompagnement expert (et celui du CSTC – Centre Scientifique et Technique de la Construction qui est copilote du projet) va pouvoir alors étudier sa demande (et donc la vôtre) pour fournir des conseils personnalisés ».

La construction circulaire à l’oeuvre

« C’est véritablement une armada de compétences qui va se mobiliser au service de l’entreprise et, bien sûr, au service du projet du client final ».

Laurent Schiltz, responsable du projet Build Circular.Brussels

Le vrai prix des choses

Un peu comme pour le commerce équitable, l’approche circulaire telle qu’elle est comprise dans le secteur du bâtiment consiste, au final, à payer le prix juste pour un produit ou un service.

« Le fait est que cette approche peut effectivement générer des surcoûts. Vu qu’aujourd’hui, on ne paye pas pour les externalités négatives, comme la pollution de l’air par exemple (que personne ne paye aujourd’hui). C’est donc à chaque citoyen à se demander s’il est prêt à contribuer à cela (en sachant qu’on peut aussi gagner de l’argent avec l’économie circulaire). Chaque situation est spécifique et doit être étudiée finement avec votre entrepreneur ».


Des premiers résultats très encourageants

Il faut reconnaître que c’est une belle ambition et que les enjeux sont d’importance.
On en est où, aujourd’hui ?

« S’il a plutôt bien débuté, le projet est encore récent puisqu’il a démarré courant 2020 mais, entre la crise sanitaire et les recrutements à opérer, cela ne fait véritablement que depuis l’automne 2020 que nous sommes dans l’action.
Ce ne sont donc que des premiers résultats que nous pouvons afficher mais ils sont déjà très encourageants puisque nous en sommes déjà à près de 250 entreprises qui sont engagées dans le programme d’information / accompagnement / formation qui est au cœur de notre projet.
Sur 2020 et 2021, nous ambitionnons de mobiliser 600 entreprises dans la dynamique, ce qui se traduit par leur engagement dans le projet, et d’accompagner 25 % d’entre elles, c’est-à-dire au moins 150. On a mis en place, pour cela, un réseau d’experts par sujet qui, aujourd’hui, est prêt à fournir les services nécessaires ».

La récupération des matériaux exige un certain soin

« L’objectif de ce projet, c’est de provoquer un changement de paradigme pour que les entreprises ne se demandent plus Pourquoi l’économie circulaire ?’ mais ‘Comment ?’ ».

Laurent Schiltz, responsable du projet Build Circular.Brussels

Ça veut dire quoi circulaire dans le bâtiment ?

Les enjeux dans le secteur sont fondamentaux.
Entre les questions de consommation d’énergie, d’émissions de CO2 ou de production de déchets, la construction a un impact énorme sur l’environnement.
Ainsi, on estime qu’à Bruxelles, plus de 60 % des émission de CO2 proviennent directement du chauffage des bâtiments.

Et le fait est que le secteur a d’ores et déjà développé des réflexions importantes sur les questions de circularité, ainsi que nous l’explique Laurent Schiltz :
« La dynamique circulaire, ce n’est pas qu’une dynamique environnementale et, pour nous, c’est important de le rappeler. Comme la crise sanitaire l’a montré, il est essentiel de disposer à Bruxelles de filières de production locale et de faire vivre des entreprises qui produisent localement et qui respectent la législation sociale. Parce que ce sont elles qui sont là quand on en a besoin.
L’économie circulaire, c’est évidemment de l’environnemental et du développement durable mais c’est aussi de pouvoir optimiser les circuits courts, y compris au niveau humain.
Est-ce que ça a du sens de faire venir des travailleurs de pays étrangers ? Aussi bien d’un point de vue social qu’environnemental ?

Il est essentiel de prendre en compte ces dimensions sociales et humaines dans la compréhension de l’économie circulaire, en particulier dans le secteur de la construction / rénovation.
Adhérer à l’économie circulaire c’est aussi pouvoir se dire ‘Moi, je suis content de faire travailler des travailleurs locaux dans ma maison. Ça me coûte peut-être un peu plus cher mais, finalement, ça va se retrouver dans notre économie parce que ces travailleurs paient leurs impôts en Belgique’.
Cet argent est réinjecté dans notre économie belge et bruxelloise. Le secteur est un grand fournisseur d’emplois locaux, des emplois qu’on ne peut pas délocaliser.
C’est aussi cela, le modèle circulaire, et c’est important de le rappeler ».

Du travail de professionnels pour tous types de chantiers

Et pour nous autres ?

Finalement, ce qui nous intéresse, nous autres citoyens bruxellois et lecteurs attentifs du webmagazine Lively, c’est évidemment de savoir comment nous pouvons avoir accès à tout cela.
Je dois refaire mon isolation, ma plomberie ou n’importe quels autres travaux dans la maison et je voudrais penser circulaire.

Comment je m’y prends, du coup, Laurent Schiltz ?
« Pour accéder à ces ressources et s’engager dans cette dynamique, c’est très simple : il suffit de solliciter l’un des professionnels que nous avons engagés dans la démarche de rénovation (ou de construction) circulaire.
Ces professionnels sont repris dans la liste que nous mettons à disposition sur notre site.

Nous coordonnons la mise à jour de cette liste avec Bruxelles Environnement et prévoyons de la diffuser très largement notamment sur notre site web BuildYourHome.be qui est aujourd’hui le moyen le plus simple de trouver l’entrepreneur qui vous correspond.

Dans tous les cas, il est important de savoir que le fait de faire appel à une entreprise qui se lance dans cette dynamique assure plusieurs choses : tout d’abord, le fait que cette entreprise se distingue par sa volonté de se tenir à jour dans les techniques de construction et de rénovation, mais aussi de respecter au mieux les recommandations énoncées par les acteurs de la construction vers une économie circulaire dans leur feuille de route ».


Concrètement ça se passe comment ?

OK, on est convaincu.
Pour agir, on commence par choisir un entrepreneur engagé.
C’est bien cela ?

« Oui, absolument. Tout commence effectivement en choisissant un entrepreneur engagé dans la démarche et en lui disant que vous voulez étudier la possibilité de faire des travaux qui matérialisent ces engagements. Et ensuite voir ce que lui peut vous proposer. En sachant que la première chose à faire, ce sera une évaluation de ce qui peut être réutilisé.
Et là, il faut être ouvert aux suggestions de votre entrepreneur et accepter que votre projet puisse évoluer avec ces propositions. Il faut construire votre projet avec l’entrepreneur. Inclure l’entreprise dans la dynamique de projet. On choisit l’entrepreneur, on établit son budget et, ensemble, on construit le projet.
Ce choix de l’entreprise doit se faire sur une relation de confiance ».


Sur quels types de travaux ?

A ce stade, on a voulu savoir pour quels types de travaux, on pouvait s’engager sur cette voie.

« Tous types de travaux. La dynamique circulaire est une philosophie. Que ce soit pour remplacer des chauffages, un parquet ou des portes, il faut toujours commencer par se poser ces questions :
‘Est-ce qu’on ne peut pas travailler avec l’existant ?
Est-ce que ma porte peut être réaménagée ?
Et sinon, est-ce qu’elle peut avoir une nouvelle vie même si ce n’est pas chez nous ?’ 
Et est-ce que je peux imaginer aujourd’hui les évolutions de mon logement pour réfléchir à des solutions démontables et flexibles ?’  

Ce sont des réflexions qu’il faut faire au préalable.
Parce qu’évidemment la manière dont on va démonter cette porte ou ce parquet n’est pas la même si on veut leur donner une seconde vie. La dynamique qui est la plus circulaire étant évidemment de réutiliser soi-même ce parquet. Et on veut que cette dynamique puisse être impulsée aussi par l’entrepreneur. Il faut vraiment avoir cette ouverture à la réutilisation des matériaux en place.
Et cela peut se faire dans tout, même pour des chauffages par exemple.

Des déchets de chantiers soigneusement triés et prêts à être réutilisés

C’est donc possible dans tous les domaines, ne fut-ce que par une gestion du démontage et des matériaux.
Cela étant, oui, certaines filières sont peut-être plus fonctionnelles que d’autres, en particulier pour tout ce qui concerne la rénovation, simplement parce que c’est là que se posent de la manière la plus évidente les questions de réutilisation.
A commencer par la réutilisation des briques, des tuiles, des portes, des sanitaires pour lesquels les filières sont déjà bien développées ».


Contribuer à la Grande Transition

Qu’on ait besoin de faire des travaux chez soi ou pas, chacun de nous peut soutenir cette dynamique à très fort impact environnemental et social.

Comment ?

Facile : « Il est important que le grand public et les citoyens soient aussi des acteurs de cette démarche, notamment en faisant connaître le projet.
Les particuliers sont un levier fondamental de cette transition.
En en parlant autour de vous, en envoyant l’entrepreneur chez nous, en lui faisant connaitre le projet, vous participez à ce mouvement. 
N’hésitez pas à pousser vos entrepreneurs à venir se faire connaitre auprès de Build.Circular.
Parce qu’en définitive, ne l’oublions pas : c’est le consommateur qui a le choix final ».

Ça, c’est bien vrai.

Merci, Build Circular.Brussels.


Photos

© Confederatie Bouw – Confédération Construction / ‘Safety My Priority’


Cet article est sous Licence Creative Commons.
Vous êtes libre de le réutiliser (en mentionnant l’auteur – BY) mais pas pour un usage commercial (NC) et pour le partager dans les mêmes conditions (SA).
All about Creative Commons