Nous c’est ça qu’on veut

Dans économie circulaire, il y a le mot économie.
Jusque-là, on est d’accord.

Mais, nous, on a une question :
Pourquoi faut-il considérer que l’économie est fondamentalement destructrice et nuisible ?

Parce que le fait est qu’à part dans certains domaines très spécifiques, quasiment toutes les activités de production de richesse ont un impact négatif sur l’environnement.

Pendant longtemps, on s’est dit  « On s’en fout, la planète peut le supporter ».
Mais le fait est que ce temps-là est derrière nous.
Tous les signaux sont au rouge et on va droit dans le mur.
A part quelques irréductibles irrécupérables, tout le monde le sait.

Alors quoi ? Les choses bougent ?

A la marge peut-être mais en fait, pas vraiment.

On a toujours des mégatonnes de plastique qui sont jetés dans les mers, des milliers de porte-containers au diesel qui circulent chaque jour pour transporter des produits dont on n’a pas besoin, une diminution de près de 60 % des espèces vivantes en quarante ans

Alors quoi ?
On s’en fout ? On ne change rien ? On laisse ça à nos enfants ?

Non. Impossible.

Du coup, le constat est simple : le système actuel ne fonctionne pas. Et les réformes douces, consensuelles qui sont proposées sont insuffisantes.

Alors quoi ? Quelqu’un a une idée ?
Oui, monsieur, moi, moi !
Oui, LIVELY, on t’écoute, vas-y.


Vers une économie neutre

En réalité, le principe à adopter est très simple.
Il faudrait juste que
le prix d’un produit ou d’un service intègre sa neutralisation environnementale.
C’est-à-dire qu’à chaque fois qu’on paye pour un produit ou un service, on paye pour sa fabrication mais aussi pour sa neutralisation, c’est-à-dire pour le travail nécessaire pour que son impact environnemental soit nul.
Ça veut dire que cette neutralisation environnementale doit être prise en compte pour calculer le prix d’un produit ou d’un service.
Par exemple, lorsque j’achèterais un tube de dentifrice, je payerais pour sa fabrication, mais aussi pour le recyclage intégral de son emballage, pour son coût environnemental de transport, etc. En fait, pour que tous les impacts négatifs de ce produit sur la nature soient neutralisés.

Ce système encouragerait mécaniquement les acteurs économiques à concevoir des produits et services ayant l’impact le plus faible puisque cet impact serait pris en compte dans le calcul de leur prix. Et les produits et services les moins polluants deviendraient donc les plus concurrentiels.
CQFD.
Il s’agit-là d’un changement fondamental mais, franchement, on ne voit pas d’autre solution.


Des obstacles évidemment

Bonne idée, LIVELY, mais tu te doutes bien que si c’était si simple, on l’aurait déjà fait.
Oui, on sait. Mais on y a réfléchi aussi et voilà ce qu’on en pense.

S’engager sur cette voie, c’est effectivement remettre en cause tout le système du commerce mondial en instaurant de nouvelles barrières de fait que de nombreux acteurs vont refuser en hurlant au scandale.
Les industriels vont nous expliquer qu’en imposant ces exigences, on va hériter en retours de mesures de rétorsion économiques de la part des grands pays pollueurs qui vont générer chez nous une crise économique et sociale sans précédent.

Si demain, on dit à la Chine que le prix de ses produits sera considérablement augmenté pour prendre en compte cette neutralisation, on peut être certains que les mesures de rétorsion seront douloureuses pour les industriels européens qui achètent ces produits ou les font fabriquer sur place. Avec des conséquences terribles sur l’emploi en Europe. C’est évident.

Mais a-t-on le choix ?
Non.


Bon pour l’emploi

Cela étant, si une telle mutation menée trop abruptement pourrait avoir des conséquences économiques et sociales néfastes, sur le fond, ce serait une très bonne chose pour l’emploi.
Ben oui, c’est logique.

Tout d’abord, en favorisant massivement la relocalisation de l’économie.
A partir du moment où la neutralisation du coût environnemental liée au transport est prise en compte dans le calcul du prix, cela avantage mécaniquement les producteurs locaux. 
Des haricots verts cultivés en Wallonie finiront (enfin) par coûter moins cher que des haricots verts cultivés à l’autre bout du monde. Ce qui, quand on y pense, est la moindre des choses.

Par ailleurs, tout en stimulant l’économie mondiale de la connaissance et du savoir, une telle évolution aboutirait à remettre le travailleur local au cœur du dispositif de production.
Ce ne serait plus le coût de la matière première le point de bascule, mais véritablement la valeur du travail avec une recherche constante pour diminuer les impacts environnementaux pour être plus compétitif.


Un job pour l’Europe

Un autre problème évidemment, c’est la question du comment. Parce que l’évaluation des mesures à prendre pour neutraliser tel ou tel produit ou service d’un point de vue environnemental, ça va être coton.
Pour un kilo de tomates, c’est assez facile, mais pour notre tube de dentifrice, ça l’est beaucoup moins.
Et qui va décider de cette évaluation ? Pas facile.

Cela étant, on peut être certain que, d’une manière ou d’une autre, cela se calcule.
Donc c’est faisable.
Par exemple en commençant par introduire dans ce calcul de prix, les coûts de compensation en émissions CO2. Parce que ça, c’est un sujet qu’on maîtrise.

Nous pensons que notre Europe a les moyens de gérer ce type de problématiques.
Ces questions d’évaluation, de normalisation de systématisation sont même dans son ADN profond.
S’il est un sujet que les institutions européennes maitrisent parfaitement, c’est celui des normes et des standards. Elles ont depuis longtemps montré leurs capacités à travailler sur ces concepts et ces outils au bénéfice de tous les Européens.
Et c’est tant mieux.


Un pas après l’autre

C’est vrai que ces obstacles paraissent insurmontables aujourd’hui.
Mais faut-il attendre que la bombe explose pour agir ?
Que des guerres éclatent un peu partout pour l’accès aux ressources naturelles ?

Que l’idée même de pouvoir se tremper les pieds sur la plage ne soit plus qu’un beau souvenir des temps passés ?
Non, non et non.

La révolution alors ?
Non plus. Ça ne marche pas.

Mais peut-être quelques pistes de réflexion :

Une génération pour tout changer

Fondamentalement, une telle mutation pourrait avoir des conséquences économiques, sociales et sociétales très positives à condition qu’on la gère dans le temps.
Il s’agit d’un cap à se donner, d’un horizon.
Si l’on se dit que c’est notre objectif à 25 ans et que toutes nos politiques doivent être orientées pour aller dans ce sens, nous aurons probablement le temps d’adapter le système pour qu’il ne génère pas de chocs négatifs.

25 ans, c’est une génération et, en une génération, on doit pouvoir adapter notre système productif, identifier les mesures à mettre en œuvre produit par produit et service par service, mettre en place les filières nécessaires, former les ressources, etc.
Qui plus est, si l’on y regarde de près, cet horizon coïncide parfaitement avec les échéances fixées par les grandes organisations mondiales qui se donnent généralement 2050 comme point de bascule.
L’essentiel donc serait d’avoir un objectif, un cap et d’organiser toutes nos activités pour l’atteindre.
En une génération, ce devrait être faisable.

On marche pour le climat – Mars 2019

L’échelle européenne

Une telle mutation ne peut se faire que sur un espace suffisamment vaste pour devenir incontournable.
Si la Belgique seule se lance dans une telle direction, les investisseurs et autres industriels abandonneront le Royaume pour s’installer ailleurs.
Mais l’Union européenne, dans son ensemble, est une zone trop puissante, trop riche et trop vaste pour être mise au ban de l’économie mondiale par les opérateurs économiques privés, investisseurs et autres.

Nous avons créé l’Europe et nous pensons que c’est ce chemin qu’elle doit suivre.


Et pourquoi on vous parle de ça

C’est vrai ça, LIVELY, qu’est-ce que tu nous embêtes avec tes théories fumeuses ?

Eh bien parce qu’on est ici pour parler d’économie circulaire.
Oui, et alors ?

C’est évident, non ?
L’économie circulaire s’inscrit vraiment comme une première étape vers cette économie neutre que nous réclamons.

En voulant atteindre le zéro déchet et la réutilisation des ressources existantes suivant l’Echelle de Lansink, l’économie circulaire a fondamentalement cette ambition : créer une économie productive qui ne consomme pas de nouvelles ressources naturelles.
Et qui, à terme, permettra même de contribuer à leur régénération.

Donc on est sur le chemin mais ce n’est qu’un premier pas.


PS : Si vous pensez que ce que nous évoquons ici n’est qu’un ramassis de théories fumantes d’intégristes écolos, n’hésitez pas à nous le faire savoir : hello@lively.brussels
Autant que faire se peut, avec des arguments et des idées.


Sources

[1] https://www.nationalgeographic.fr/le-plastique-en-10-chiffres

[2] https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/nature-crise-biodiversite-10-chiffres-70574/


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