Imaginez un immense espace à Bruxelles dédié à l’entreprenariat circulaire et à la solidarité locale.
Ce serait un ancien site industriel situé au cœur de la ville où les actrices et acteurs de l’économie circulaire et durable pourraient s’installer, travailler, produire, collaborer, échanger des ressources et des savoir-faire..
Des ateliers et des outils partagés, des espaces de stockage, des lieux de vie…
Et, en plus, ce qui serait super, ce serait que ce lieu magique soit connecté à son quartier, en lien avec la population, les jeunes et les moins jeunes, les enfants…
Ouvert, inclusif et joyeux, en somme.
Eh bien, cet endroit existe et il est vraiment top !
C’est le Circularium à Anderlecht au cœur du quartier Cureghem.
Visite guidée avec Gerd, l’un des fondateurs du projet.
L’espace bruxellois en transition
A peine arrivé, Gerd nous reçoit et commence la visite.
Mais, une petite seconde, Gerd, s’il te plaît.
Explique-nous d’abord, le Circularium, c’est quoi et c’est qui ?
« En fait, le Circularium, c’est avant tout une communauté.
Il y a d’abord les acteurs présents sur le site, plus d’une vingtaine, des entrepreneuses et des entrepreneurs qui travaillent tous dans le domaine de l’économie circulaire, de la durabilité ou de l’activation locale et citoyenne.
Et, puis, il y a nous, l’agence Makettt (pour Make IT Towards Transition) et notre métier, c’est de réaffecter des biens immobiliers en espaces consacrés à la durabilité.
Et c’est nous qui gérons et animons le site dans le cadre d’une occupation transitoire de cinq ans, pour commencer.
Et enfin, il y a le propriétaire des lieux, la célèbre société D’Ieteren Immo qui, à la suite d’un appel à projets, nous a confié la réaffectation et la gestion de cet ancien espace industriel pour en faire le Circularium.
Notre proposition leur a plu et, donc, voilà ».
Intéressante, cette alchimie, n’est-ce pas ?
Un ancien site industriel désaffecté, des entrepreneuses et des entrepreneurs engagé·e·s et un acteur spécialisé pour gérer et coordonner.
Et tout cela, dans le bon esprit, celui qui veut faire de la Grande Transition une réalité très concrète dans la ville.
De l’espace pour tous les projets
Franchement, le Circularium, c’est un truc à voir. J’ai adoré cette visite.
Le projet est encore jeune, il n’a été lancé qu’au début de l’année 2020, mais ce qui se construit ici est à la fois remarquable et spectaculaire.
Vous pouvez déjà vous faire une petite idée de l’immensité des lieux avec cette petite visite en vidéo :
A un jet de pierre du canal, à 10 minutes à pied de la Gare du midi et de la Grand-Place, le site est accessible depuis la Chaussée de Mons, la rue Heyvaert et la rue de Liverpool.
On est bien au cœur du quartier de Cureghem, à deux pas aussi des abattoirs d’Anderlecht et de la non moins célèbre ferme urbaine BIGH, la plus grande d’Europe.
Comme quoi, il se passe des sacrés trucs à Anderlecht, mine de rien.
A suivre.
Poursuivons la visite.
Le Circularium, c’est grand, vraiment grand, plus de 2 hectares, dont 12.000 m² de surfaces couvertes et près de 8.000 m² d’espaces non-couverts.
Et un ancien site industriel, c’est toujours assez magique.
OK mais qu’est-ce qu’on y trouve ?
Quelle impatience.
En fait, l’ensemble a été intelligemment organisé en 15 espaces hyperfonctionnels parmi lesquels on trouve notamment des vastes entrepôts partagés où chacun peut conserver et gérer ses stocks (ceux de la bière 100PAP notamment), des zones plus sectorielles avec un atelier mécanique, un atelier de menuiserie et tous les outils nécessaires pour le travail du bois et du métal, des halls et hangars chauffés et hyper-modulaires, un espace de coworking très bon esprit et mis à disposition de tous, et même un service social.
Et aussi, j’allais oublié, de vastes espaces à l’entrée pour l’accueil et l’organisation d’évènements ou d’expositions.
Et aussi, bien sûr, le magasin gratuit.
On va y venir.
Chaudron circulaire
On l’a dit, le projet est encore jeune puisque ce n’est qu’en mars 2020 que le site a été confié à Gerd son équipe.
En plus, c’est tombé pile poil au début du premier confinement. Donc pas évident comme conditions de démarrage.
Et, pourtant, le projet a déjà séduit beaucoup de porteurs de projets, dont certains acteurs de référence ici à Bruxelles, parmi lesquels la Sonian Wood Coop qui propose du bois durable de la Forêt de Soignes, Pro Vélo, l’ASBL des cyclistes bruxellois, Batiterre qui récupère, recycle et revend des matériaux et produits de construction et d’aménagement.
Et la 100PAP aussi, la bière super-solidaire qu’on adore.
La liste complète des acteurs présents au Circularium est là et elle est déjà bien fournie.
Et il reste de la place, beaucoup de place.
Ce n’est que le début, les frémissements de ce qui s’annonce comme l’un des chaudrons bouillonnants de la cuisine circulaire et citoyenne bruxelloise.
Franchement, notez-le sur vos tablettes.
C’est à voir.
Mais avant tout c’est un esprit
On le sait bien chez Lively, pour la grande majorité des entrepreneurs durables, les valeurs et l’état d’esprit ont souvent plus d’importance que le chiffre d’affaires et autres marges (qui demeurent évidemment essentielles mais quand même moins).
Œuvrer à la Grande Transition, travailler avec des femmes et des hommes qui partagent cette culture, donner du sens à sa vie…
Toutes ces valeurs, on les retrouve vraiment au Circularium.
Qu’il s’agisse de la dimension solidaire locale (cf. ci-dessous) ou des ambitions circulaires, le projet s’inscrit dans une vraie vision.
Et celle-ci se traduit très concrètement.
Dans l’approche du site, tout d’abord.
Tout est fait pour respecter le lieu d’origine et réutiliser au maximum l’existant sur place.
C’est ainsi, par exemple, que les grilles qui sécurisent les espaces de stockage ont été réalisées à partir des éléments métalliques récupérés sur le toit.
« Absolument.
On veut vraiment travailler sur la circularité du site même.
Nous sommes aussi en train d’installer des panneaux solaires et on a acheté un broyeur de cartons pour pouvoir broyer nos propres déchets papier et cartons sur le site avec l’idée de pouvoir à terme revaloriser ces ressources ».
« On essaye toujours de réfléchir de la manière la plus circulaire sur le site même et sur tous les déchets qu’on produit.
Gerd De Wilde – Makettt – Initiateur et gestionnaire du Circularium
C’est essentiel pour nous et c’est quelque chose qu’on veut vraiment développer. Et toujours si possible avec la communauté ».
Enfin, au-delà de la dimension technique de la circularité, le Circularium, c’est une communauté vivante, dynamique et fondée sur le partage et la collaboration.
C’est ça, Gerd ?
« C’est fondamental.
L’idée du Circularium, c’est de créer des liens, des synergies entre les occupant·e·s du site.
Ça a été évidemment très compliqué pendant le confinement mais ce qu’on veut, c’est organiser un maximum de rencontres, des drinks, des barbecues, des workshops, tout ça.
Et des visites guidées aussi.
La vocation du Circularium, c’est clairement de fédérer les acteurs du secteur, de les connecter les uns aux autres, faire en sorte de partager les expertises de chacun.
Parce que, comme on dit, l’union fait la force ».
Avec et pour le quartier
C’est quelque chose qui nous a pas mal impressionné, je dois dire.
Ainsi que nous l’a expliqué Gerd, l’une des grandes idées du Circularium, c’est vraiment d’en faire un lieu en connexion étroite avec le quartier et ses habitants.
Et, pour lui, c’est une composante essentielle du caractère durable du projet.
« C’est clair que, dans notre vision, le Circularium ne doit surtout pas être déconnecté de cette réalité qui nous entoure.
On est à Cureghem, l’un des quartiers les plus pauvres de Bruxelles et même de toute la Belgique.
En faire une enclave de projets circulaires sans tenir compte de cette réalité, sans y réfléchir, ça n’aurait pas de sens ».
« Qu’est-ce que ce lieu représente pour les gens qui vivent ici ?
Gerd De Wilde
Et comment ce lieu pourrait aussi leur apporter quelque chose ? »
« C’est tout à fait fondamental et c’est pour ça qu’on essaye de l’intégrer au mieux dans la vie locale, d’y associer les habitants.
On est sur deux hectares ici, dans un quartier densément peuplé.
Il faut aussi que ce projet leur apporte quelque chose, que les gens se l’approprient.
Et c’est ce qu’on essaye de faire, un carrefour incontournable pour les riverains, un point de repère où il fait bon travailler et se retrouver ».
Et c’est notamment avec ces convictions qu’ils ont eu cette super idée du magasin gratuit.
« C’est ça.
Dès le début, on voulait faire quelque chose avec les habitants du quartier, un truc gratuit, ouvert, convivial qui pourrait accueillir tout le monde.
Mais on s’est tout de suite retrouvé en confinement donc quasiment plus rien n’était possible. Sauf un magasin.
Donc on s’est dit que pour rencontrer nos voisins, on allait faire cette boutique où on pourrait les rencontrer ».
« Et, en même temps, on s’est dit que ce serait bien que ce projet sensibilise aussi aux questions de surconsommation.
Gerd De Wilde
Et c’est comme ça qu’on a eu cette idée du magasin gratuit où chacun dépose ce qu’il veut et où chacun peut choisir un objet par jour ».
« Et les gens payent juste avec un petit mot de remerciement qui va à la personne qui a donné l’objet.
Et c’est comme ça qu’on redonne de la valeur aux choses qui sont normalement jetées. On vit dans une société où rien ne vaut plus rien et on jette beaucoup. Mais, voilà, on a de moins en moins de ressources, il faut donc qu’on commence à se rendre compte que ce qu’on a est précieux.
Et donc le magasin est gratuit mais même si c’est gratuit, ce qu’on veut aussi c’est inspirer les gens et les sensibiliser à tout ça ».
En tout cas, c’est indéniablement une bonne idée d’en faire à terme un point d’échange accessible à tous les gens du quartier et aussi de rencontre avec les entrepreneurs et les associations qui travaillent sur place.
Et vous, vous avez un projet ?
Parce qu’il reste de la place au Circularium pour les entrepreneurs créatifs et engagés.
Ça se passe comment, Gerd, pour celles et ceux qui seraient intéressé·e·s ?
« C’est super facile.
Sur notre site, on a un petit onglet où chacun peut proposer son projet.
On pose quelques petites questions qui sont importantes pour nous et pour être certains que ça va bien matcher avec les autres projets. Combien d’espace il vous faudrait et pour faire quoi… ce genre de choses.
Et aussi, on privilégie les projets qui ne nécessitent pas de grosses transformations du bâtiment et ceux qui sont aussi complémentaires que possible avec ceux déjà sur place.
On tient beaucoup à cette synergie ».
Ok c’est clair.
En deux mots, ça commence ici.
Et ce n’est qu’un début
On l’aura compris, le Circularium est encore jeune, à peine plus d’un an et demi (dont une bonne partie en confinement).
Et pourtant, le concept s’affirme déjà comme un des hauts lieux de l’économie circulaire bruxelloise.
Et visiblement, ça va encore monter en puissance.
Un petit mot sur vos projets, Gerd ?
« Ce qu’on veut maintenant que le confinement est derrière nous, c’est vraiment accueillir le plus grand nombre. En organisant des évènements par exemple.
On est super ouverts à toutes les propositions, qu’il s’agisse de manifestations sur l’économie circulaire, d’actions avec les écoles du quartier, de formations…
Par exemple, on va faire un évènement pour les enfants à l’occasion de la rentrée scolaire.
Et puis aussi développer encore notre magasin gratuit, verduriser la cour avec les habitants, avec un jardin potager notamment.
Et aussi, bien sûr, faire des choses avec la communauté, des barbecues, des rencontres, tout ça.
Il y tellement de choses à faire ici. Et ça, pour nous, c’est vraiment génial ».
On le comprend.
Le lieu est incroyable, l’esprit est super, les énergies sont là…
A tous les amateurs d’innovation et d’entreprenariat durable et citoyens, nous vous le disons, le Circularium, c’est à voir, et c’est à suivre.
Merci Gerd !
Images et photos : Circularium Website & Facebook & Instagram
Cet article a été réalisé en partenariat avec hub.brussels, l’agence bruxelloise des entreprises.
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