Circular Smart City

Les Smart Cities, c’est des trucs dont on parle beaucoup en ce moment.
Enfin, je dis « on » mais c’est vrai que c’est encore beaucoup un machin d’experts et autres spécialistes bizarres.
Et pourtant, non, pas tant que ça.

Parce qu’en fait, lorsqu’on parle de Smart Cities, notamment à Bruxelles, on parle en fait de la forme qu’on veut donner à notre ville pour les décennies à venir.
Donc, c’est quand même du sérieux.
Je dirais même qu’on est tous un peu (très) concernés.

Et, du coup, on la veut comment, notre Bruxelles de demain ?

Avec plein de bars et de terrasses !
Oui, d’accord, ce serait chouette, c’est vrai. Je prends.
Avec des jardins et des arbres partout, et moins de voitures !
Intéressant. Pas évident mais intéressant.
Avec du wifi superpuissant et gratuit pour tout le monde !
Idem. Chouette idée, je note. Et c’est en cours, je crois.

Mais, en fait, avec tout ça, on est un petit peu hors sujet.
Parce que, là, ce dont on veut vous parler aujourd’hui, c’est du rôle de l’économie circulaire dans notre projet de Smart City bruxelloise.

Parce que, mine de rien, l’économie circulaire c’est l’une des voies majeures pour un vrai projet de transition durable.

Et c’était justement le sujet d’un webinaire passionnant organisé par hub.brussels et Enterprise Europe Network dans le cadre de l’événement Tech4SmartCities avec le soutien de la Région bruxelloise et l’Union européenne.
Compte-rendu.


C’est quoi d’abord une Smart City

Non, ce n’est pas une ville fabriquée uniquement avec des Smarties. Ce serait marrant mais c’est pas ça.

En fait, pour en savoir plus, on s’est pas embêté, on est allé voir le site de Brussels Smart City et, en substance, voilà ce qu’on a appris. Je cite.
« Ville zéro carbone, ville connectée, ville efficiente, ville résiliente, ville laboratoire… les définitions de la Smart City sont aussi nombreuses qu’il y a de Smart Cities. 
Quelques points communs existent cependant entre ces différentes visions de la ville intelligente qui peut ainsi se comprendre à l’aide de 6 mots-clés.
Ses réalisations ou ses objectifs peuvent aussi être regroupés en 6 domaines d’action ».

Bon, c’est vrai qu’on est pas vraiment aidé mais le schéma ci-dessous est quand même assez éclairant.

Tout est expliqué ici.

Le plus simple, pour ceux qui le souhaitent, c’est d’aller voir ce site.
Et c’est amusant parce que, moi, ça me fait aussi penser au fameux Donuts bruxellois qui réfléchit aussi dans cette direction du comment on aborde ensemble notre futur commun.

Mais, nous ce qui nous occupe aujourd’hui, c’est, comme on l’a dit, de comprendre la place que doit occuper l’économie circulaire dans cette vision d’avenir.


Transformer la ville

En substance, l’idée de cette réflexion partagée, c’était d’identifier les acteurs et initiatives qui, à Bruxelles (mais aussi ailleurs), peuvent véritablement peser sur le gouvernail qui nous mène vers l’avenir.

Quels sont aujourd’hui les grands projets qui vont orienter durablement notre belle région vers une économie vraiment circulaire ?
Et, donc, dans quels domaines et quels secteurs se dessine notre Bruxelles du futur, plus verte et plus écologique ?

Avec quoi on aborde cet avenir ? Quelles idées ? Quels projets ?

Et, là franchement, il faut reconnaître que c’est assez réjouissant et enthousiasmant.
Parce qu’on se rend compte qu’on a là des super-projets qui peuvent vraiment changer les choses, des mécaniques profondes qui permettent de gérer des volumes de ressources tels qu’on peut entrevoir devant nous la Grande Transition espérée par tous.

Chez BIGH, la Circular Smart City en action. Cf. ci-dessous.

Tour d’horizon.


BC Materials, le challenge de la construction circulaire

C’est simple, le secteur de la construction est l’un des plus polluants qui soient.
Avec près d’un tiers des émissions de pollution de l’air, quasiment 40 % des émissions de CO2 et la production de 30 % du total des déchets de la ville, on parle bien d’un secteur qui a un impact très lourd sur l’environnement (et sur la santé des habitants aussi évidemment).
C’est donc sur ce constat que BC Materials a développé son concept de construction circulaire.

Et l’idée est assez fameuse, je dois dire.

La société bruxelloise transforme, en effet, les terres d’excavation des chantiers en matériaux de construction tels que des enduits de terre, des blocs de terre compressée (pour faire comme des briques) et de la terre à piser pour l’enduit des murs et des sols.

Une magnifique maison BC Materials

A titre d’exemple, la Brickette, l’un de leurs produits phares, se présente comme « un charmant bloc de terre comprimé qui peut être produit avec 600 fois moins d’énergie qu’une brique de terre cuite classique et qui est bien plus performante pour réguler l’humidité et l’acoustique ».
Elle permet de construire aussi bien des murs porteurs que non porteurs.

Le secret de BC Materials : des briques en terre compressée

Outre ses différents produits, BC Materials propose différents services aux entrepreneurs et architectes.

Les bénéfices de ces solutions sont immenses, tant en termes de circularité, de neutralité carbone et de consommation d’énergie qu’en termes de confort et de santé pour les habitants.


Bel Albatros, une solution d’envergure pour le recyclage du plastique

Ce n’est pas un scoop, les déchets plastique constituent un véritable fléau.
Or, nous avons à Bruxelles (au RECY-K, la plateforme de l’économie circulaire de Bruxelles Propreté) une société, Bel Albatros, qui propose une solution carrément innovante et efficace pour fournir une solution de recyclage du plastique pour des volumes vraiment importants.

La machine mange le plastique …
… pour en faire des granulés …
… qui sont usinés ici …

Partant de la collecte de déchets plastique réalisée auprès des entreprises, Bel Albatros transforme cette matière première (les principales familles de plastique durs – PP et PE – et souples – LDPE) en objets durables, non-jetables et recyclables tels que des plaques de grande taille qui peuvent alors être usinées, par exemple, pour la fabrication de mobilier.

… pour fabriquer ce type d’ojets, par exemple.

Ce qui est fort, chez Bel Albatros, c’est la solution technique, bien sûr, d’une efficacité redoutable, mais peut-être plus encore, c’est sa capacité à gérer des gros volumes, ainsi que nous l’avait expliqué Nicolas Lambillon Coordinateur RECY-K :

« Avec son process industriel, la société Bel Albatros, que nous hébergeons ici chez RECY-K, devrait être capable de traiter jusqu’à 700 tonnes de plastique par an, soit le volume de déchets plastique produit chaque année à Bruxelles ».

Donc, oui, c’est du sérieux.
Parce que ce dont on parle, c’est ni plus ni moins que d’une solution locale, bruxelloise, capable d’assurer le recyclage total du volume total de déchets plastique que nous produisons ici à Bruxelles.
Du fait de contingences logistiques évidentes, on n’en est pas encore là, mais la solution existe.
Impressionnant, n’est-ce pas ?


Sonian Wood Coop, la filière bois bruxelloise

Lancée en 2019, la coopérative Sonian Wood Coop s’est fixé comme objectif la mise en place d’une filière durable et locale de production de bois issu exclusivement de la Forêt de Soignes, principalement du hêtre, mais également du chêne, de l’érable, du pin, du châtaignier et d’autres essences. 

Une filère bois exclusivement issu de la forêt de Soignes.

Chaque année, les arbres abattus sont sélectionnés avec le plus grand soin et remplacés par de nouveaux plants pour adapter la forêt au changement climatique, augmenter la biodiversité et gérer la production de bois.
La Sonian Wood Coop travaille avec des partenaires locaux (propriétaires forestiers, scieries, charpentiers et autres partenaires) pour utiliser cette précieuse ressource pour la réalisation de projets architecturaux, de construction, de design et d’art.

Les ateliers de la Sonian Wood Coop

Selon le type d’arbre, le bois peut, en effet, avoir de multiples usages. Le bois de hêtre peut ainsi être utilisé pour la fabrication de meubles, de planches de parquet, d’escaliers, d’ustensiles de cuisine, de jouets et bien d’autres choses grandes et petites.
Le chêne peut être utilisé pour des meubles et des éléments de menuiserie de haute qualité, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur.

L’approche de Sonian Wood Coop s’inscrit dans le cadre d’une vraie démarche circulaire, avec comme objectif d’utiliser au mieux les ressources locales tout en assurant une gestion durable et maîtrisée de la forêt.

Et toute cette belle matière première locale est accessible à tous.
A voir sur la boutique en ligne ou au magasin de la coopérative.


BIGH, la ferme aquaponique géante de Bruxelles

L’alimentation urbaine constitue aussi l’un des grands sujets du développement durable des villes aujourd’hui.
Comment assurer une production alimentaire locale, saine et de qualité dans les agglomérations pour dépendre moins des apports extérieurs et ainsi réduire des flux logistiques énormes ?

Sachant qu’à l’horizon de 2050, près de 70 % de la population mondiale vivra en ville, la capacité des cités à accroître leur niveau d’autosuffisance est une question assez cruciale qui occupe la plupart des grandes métropoles développées.

Le sujet est d’autant plus important qu’au-delà des questions alimentaires, cette production locale aura un impact significatif au niveau environnemental avec une réduction des transports mais aussi des capacités d’absorption du CO2 plus importante.

C’est donc dans ce cadre que s’est mis en place, le projet BIGH qui s’est fixé pour objectif de déployer en ville des fermes urbaines aquaponiques durables.

Production bruxelloise chez BIGH.

Très concrètement à Bruxelles, on parle d’une ferme comprenant une serre haute technologie de 2 000 m² ainsi qu’un potager extérieur de 2 000 m², le tout au cœur de la ville, sur le toit du Foodmet, une halle alimentaire qui fait partie du célèbre site des Abattoirs d’Anderlecht.
Ici a été développé système aquaponique de pointe où les poissons, les fruits, les légumes et les herbes aromatiques grandissent dans un circuit fermé zéro déchet.

Pour ce faire, BIGH se base sur les dernières nouveautés en matière de technologie durable, notamment en récupérant l’énergie perdue par le bâtiment, en recyclant l’eau de pluie du site et en exploitant l’énergie renouvelable solaire.

Et tout cela, pour produire plein de bonnes choses : des légumes, des herbes aromatiques, du poisson, des préparations (tapenades et autres ketchutney) et même du gin !
Franchement, c’est à découvrir.

Spécialités locales bruxelloises.
Tout est là.

Les voies de l’avenir

Matériau de construction, recyclage du plastique, filière bois locale et alimentation durable urbaine…
Avec ces 4 grands projets, nous pouvons effectivement discerner certaines des directions principales que Bruxelles suit pour assurer sa grande transition.

Clairement, ces initiatives ne sont pas encore dominantes dans leurs secteurs respectifs mais elles ouvrent indéniablement la voie à des mécaniques de développement circulaire à grande échelle.

Soulignons d’ailleurs qu’à ce titre ces différents projets reçoivent d’importants soutiens de la Région bruxelloise et de ses partenaires.


Et puis aussi

Ces quatre grands projets ne sont évidemment pas les seuls menés à Bruxelles en faveur de l’économie circulaire.

Il y a aussi, bien sûr, le cluster Circlemade de hub.brussels, qui rassemble un très grand nombre d’acteurs du secteur (et dont nous vous avons déjà parlé ici et ) et qui, à ce titre, assure un rôle fédérateur essentiel pour encourager l’entreprenariat circulaire. 

Enfin, il convient de souligner le rôle joué aussi par Citydev.brussels, l’agence régionale en charge des infrastructures immobilières (terrains ou bâtiments), pour favoriser les initiatives circulaires dans ce domaine, notamment par la mobilisation d’incitants financiers, la réversibilité et la conversion des bâtiments mais aussi par la mise en place d’espaces mutualisés (notamment pour le stockage) et le développement de synergies basées sur la localisation des sites.


Adhésion populaire

On l’aura compris, la composante circulaire tient toute sa place dans le projet de Smart City bruxelloise. Et c’est tant mieux.

Cela étant, soyons clairs, rien de grand ne se fera sans nous, simples quidams et autres citoyens.
Tous ces beaux projets qui nous dessinent l’avenir exigent notre participation pleine et enthousiaste.

Consommer, construire, s’amuser, se déplacer, sortir… autant d’activités pour lesquelles existent des possibilités de soutenir cette Grande Transition, verte et joyeuse.
Il y a tant à faire. Et c’est ça qui est chouette.

Brussels Smart City for Brussels Smart People !

Circular Brussels Citizens
Photo : BC Materials

Cet article a été réalisé en partenariat avec hub.brussels, l’agence bruxelloise des entreprises.


Crédits photos & images : BC Materials, Bel Albatros, Sonian Wood Coop & BIGH


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