Aquaponie@Brussels

Quand on parle d’agriculture urbaine durable (l’un des grands sujets du moment), on pense bien sûr aux potagers sur les toits, aux arbres fruitiers dans les parcs et, pour les plus avertis, aux champignons dans les caves.
Et c’est vrai que sur tous ces sujets, les choses bougent à Bruxelles.

Mais dans l’agriculture urbaine durable, il n’y a pas que les fruits et les légumes.
Des carottes, des tomates, des poires, des chicons, du basilic et du cerfeuil… tout ça, OK, on voit à peu près.

Mais il y a aussi des activités d’élevage.
Des animaux ? Sérieusement, Lively ?
Des brebis sur les toits, peut-être ?
Et pourquoi pas des vaches dans les caves, tant que vous y êtes ?

Non, effectivement, cela viendra peut-être mais on n’y est pas encore.
Mais des animaux d’élevage dans l’agriculture urbaine, oui, bien sûr.
Et on ne vous parle pas que de poulaillers sur les terrasses ou de cages à lapins sur les balcons.

Non, le sujet du jour, ce sont les poissons.
Des truites, des perches, des carpes, des piranhas…
Non, sorry, pas des piranhas. Ça, ça n’est pas possible (en tout cas, probablement pas souhaitable).
Par contre, ce qui marche aussi, ce sont les esturgeons, les sandres et même les crevettes. 

Et là, on parle d’aquaponie, un système productif extraordinaire qui associe des cultures végétales à des aquariums ou des bassins de poissons comestibles (ou d’agrément, comme on veut).
Et ça marche vraiment très bien.
A la maison, en entreprise, dans les écoles ou en grand pour nourrir la ville.
Pour nous en parler, l’experte bruxelloise du sujet, Laurence Vanneyre, fondatrice de l’asbl AquaponieBxl, que nous avions déjà rencontrée en fin d’année dernière.

Pour découvrir l’aquaponie, Laurence vous attend dans son petit paradis bruxellois

Petit rappel pour les nouveaux venus

Evidemment, avant d’entrer dans le vif du sujet, un petit rappel s’impose pour bien comprendre de quoi on parle.
Définition et explications.

L’aquaponie est une technique permettant de mettre en place facilement un écosystème intégré associant élevage de poissons et culture de fruits, légumes ou plantes aromatiques. 
Concrètement, un aquarium recouvert d’un bac à plantes (ou un bassin à poissons ou une mare avec des bacs à plantes à côté), les deux étant en circuit fermé, relié par une pompe.

L’aquaponie expliquée par Aquaponie.Bxl

Et c’est quoi l’intérêt ?

Eh bien, il est justement dans cet aspect intégré du système : l’eau de l’aquarium est naturellement filtrée et purifiée par les plantes potagères.
L’eau du bac à poissons souillée par les déjections des poissons passe à travers une pompe jusqu’au(x) bac(s) de cultures où se trouve un substrat (généralement composé de billes d’argiles) où vivent bactéries et plantes.
Les bactéries se chargent de décomposer l’ammoniaque et l’urée en nutriments assimilables par les plantes pour leur croissance.
Le bac de culture fait alors office de filtre : l’eau ressort purifiée de toute substance nocive pour la santé des poissons et peut retourner alimenter le système.

Quelques points clefs :

Les possibilités de cultures sont multiples : salades, tomates, épinards, céleri, poireaux, poivrons, concombres, courges, haricots, pois, courgettes, piments, melons, choux, fraises et, bien sûr, les herbes aromatiques (menthe, basilic, ciboulette, cerfeuil, etc.).

Jolie petite récolte aquaponique.

Un système aquaponique assure un rendement supérieur au mètre carré par rapport à un jardin ou à un potager traditionnel, grâce au système hors sol et aux apports continu de nutriments.

Au-dessus les légumes. Et c’est vrai que ça donne.

« Pour une installation à Bruxelles, le rendement moyen est de 10 à 15 Kg de fruits ou légumes au m² par an et de 20 Kg de poissons par an au m³ de bassin, soit environ une quarantaine de poissons adultes d’environ 500 grammes par an.

Après 8 ans d’expérience dans l’aquaponie, nous avons maintenant une bonne base de données des espèces qui poussent très bien en aquaponie ».   

Laurence Vanneyre, fondatrice d’AquaponieBxl
En-dessous les poissons.
Avec l’aquaponie, des beaux et bons poissons au fond du jardin.

On aura donc bien compris que l’aquaponie est une solution super-performante pour la production agricole et alimentaire urbaine.


Ecosystème urbain

Eh bien justement, c’est le sujet du jour.

Quelle place pourrait / devrait occuper l’aquaponie dans les projets d’agriculture urbaine ?
Et comment aborder ce type de projets ?

Telles sont les questions que nous avons voulu aborder avec Laurence.

« On constate effectivement un intérêt croissant pour l’intégration de systèmes d’aquaponie pour le développement de nouveaux quartiers, et là, c’est clair qu’il faut penser cette intégration dès le début du projet.
Si, par exemple, une commune veut faire une ferme urbaine avec des potagers en permaculture, c’est vraiment très intéressant d’intégrer ces systèmes aquaponiques.

On pourra avoir un compost commun, un récolteur d’eau de pluie, une serre qui permettra d’allonger la saison, des ruches avec des abeilles qui vont aussi boire l’eau de la mare ou du bassin, là où il y aura les poissons…
Tout est lié ».

« En développant ainsi un écosystème en pleine ville, on propose la consommation de légumes et de poissons tout en apportant de la verdure et de la vie en ville, en recréant aussi de la biodiversité, et toute la pédagogie que cela crée autour.
Cela devient un lieu attractif pour le public, les écoles, les citoyens, les entreprises en recréant aussi du lien social ».

Laurence Vanneyre, fondatrice d’AquaponieBxl
Et cela pourrait ressembler à ça.

Développer autour de ces sites des activités économiques et récréatives locales au bénéfice des habitants et des acteurs du quartier ou de la commune, c’est vrai que l’idée est plus que séduisante.
On voudrait vraiment qu’un jour Bruxelles ressemble à cela, une ville verte parsemée d’îlots de biodiversité mêlant agriculture et pisciculture grâce notamment à ces systèmes aquaponiques.

Et ce, avec des résultats et une productivité qui peuvent être très intéressants.

« Absolument. Avec l’aquaponie, on peut cultiver environ deux fois plus qu’en pleine terre parce que les légumes peuvent être très serrés les uns par rapport aux autres, grâce aux apports de nutriments qui viennent des poissons.
On va donc avoir de très bons rendements, par rapport à des systèmes en pleine terre.

Et puis, l’un des autres avantages, c’est qu’avec l’aquaponie (qui est toujours hors sol), on peut exploiter des surfaces polluées qui ne seraient pas exploitables en terre.
Et en ville, malheureusement, il y a encore énormément de surfaces qui sont polluées et où les gens ne peuvent pas cultiver leur terre pour de la production alimentaire.

En fait, la liste des avantages est longue ! 
Par exemple aussi, en aquaponie, il n’y a pas de limaces et on peut cultiver à sa hauteur, sans se faire mal au dos ! ».

Des fraises à portée de main.

Pourtant le cadre d’exploitation n’est pas encore au point, force est de le reconnaître.
D’abord, ainsi que Laurence le souligne, il y a encore quelques résistances par rapport à la culture hors sol qui peine à se voir reconnaître la certification bio.
« Le fait est que la production en bac n’est pas facilement reconnue comme bio alors même qu’il n’y a pas plus bio que l’aquaponie.
On n’a aucun intrant, aucun pesticide ; tout part de la nourriture qu’on donne aux poissons et qui est, elle-même, bio, naturelle et produite localement.
Et, après, tout se développe naturellement.

Cela étant, les choses évoluent dans le bon sens à Bruxelles ».

Et, l’un des autres avantages de l’aquaponie que tient à souligner Laurence, c’est son importance pour réduire la pression qui pèse sur les ressources dans les océans.
« Le fait d’élever des poissons localement, qui vont être nourris de produits végétaux fabriqués localement (surtout avec les carpes qui sont végétariennes), ça permet de réduire la surpêche dans tous les océans ».

« Avec l’aquaponie, on contribue aussi à préserver la biodiversité marine ».

Laurence Vanneyre, fondatrice d’AquaponieBxl
Production locale et naturelle.

Un interlocuteur de référence, AquaponieBxl

Sans doute encore trop peu développée à Bruxelles, l’aquaponie constitue donc une solution hyper-performante tant pour la production alimentaire urbaine (légumes et poissons) que pour la restauration de la biodiversité locale et ce, avec des potentiels plus qu’intéressants pour l’animation des quartiers.

Et, sur tous ces aspects, AquaponieBxl est aujourd’hui l’interlocuteur de référence, tant pour les pouvoirs publics (communes, etc.), que pour les écoles, les particuliers ou les entreprises.
Parce que le savoir-faire de l’asbl porte aussi bien sur l’appui à l’implémentation et l’installation de systèmes aquaponiques que sur la sensibilisation, la formation et l’accompagnement pour tous types de projets.

C’est bien cela, Laurence ?

« Absolument. Nous proposons des formations et des ateliers que nous accueillons dans notre grand potager aquaponique à Uccle, qui est un magnifique endroit, un véritable havre de paix et de biodiversité en ville.
Là, on apprend comment se lancer dans l’aquaponie, comment concevoir son projet, avec quel matériel, comment l’entretenir, etc. »

Bienvenue à tous au potager aquaponique de Laurence à Uccle.

« On organise aussi des visites et des ateliers pour les communes et pour les entreprises.

Et tous ceux qui viennent sont enchantés de ces moments partagés et de cette expérience.
Ils peuvent constater que c’est possible de produire tout en étant esthétique et vivant ! ».

Laurence Vanneyre, fondatrice d’AquaponieBxl

« Pour les entreprises, en particulier, nous avons développé plusieurs solutions, qui vont de l’activité Team Building où l’on construit ensemble un potager aquaponique design et circulaire, que l’entreprise pourra conserver ou non, jusqu’à l’accompagnement à la mise en place de leur système aquaponique sur place, en intérieur ou en extérieur, avec un service d’entretien et de formations.

Ensemble on coconstruit le projet, un potager aquaponique qui peut être installé sur leur toiture, sur une terrasse, sur une zone en friche, voire même sur une place de parking ».

On pourrait, par exemple, installer ceci dans le jardin de votre entreprise ?
Ou alors plutôt en intérieur ? Dans votre école ou votre entreprise ?

Et Laurence intervient aussi auprès des écoles, dans le cadre d’animations pédagogiques qui fonctionnent très bien.

« C’est surtout pour les primaires, mais ça peut être aussi pour les maternelles ou pour les secondaires, voire pour les universités et les hautes écoles.
On a différents types d’activités à proposer qui vont des animations légères de deux heures, dans notre potager à Uccle ou dans les classes jusqu’à des projets plus importants qui peuvent être coconstruits avec les classes.
Les enfants adorent ! 

Et je m’efforce toujours de faire en sorte que ce soit le plus accessible possible pour les enseignants et les écoles, y compris en termes de coûts (on peut utiliser des matériaux recyclés par exemple) car la protection de l’environnement passe en premier par la connaissance donc c’est une clientèle qui me tient à cœur ».

C’est sûr qu’ils ont l’air de bien s’amuser.

Pensons aquaponie

A bien y regarder, l’aquaponie est donc une solution de production qui a énormément d’avantages et qui n’attend qu’à être développée.
Dans les quartiers, dans les écoles, dans les entreprises, chez les particuliers…

Du coup, à vous qui voulez mettre à profit vos espaces pour développer la biodiversité urbaine, pour sensibiliser et intéresser vos collaborateurs ou vos élèves, c’est le truc à faire.

Et Laurence se tient à votre disposition pour réfléchir avec vous à votre projet.
Go for Aquaponie !

Merci, Laurence.


Et le contact

Laurence Vanneyre
AquaponieBxl asbl
0470.174.550
www.aquaponiebxl.be


Crédits photos

Crédits photos : Aquaponie.Bxl


Cet article a été réalisé en partenariat avec
hub.brussels, l’agence bruxelloise des entreprises.


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