Collectif créatif

Le système productif traditionnel s’essouffle.
Il a de moins en moins de sens à chaque jour qui passe.

La mécanique classique de production intégrée, depuis la ressource primaire au produit fini que l’on créé dans son atelier avec ses outils et ses machines à soi, avec ses matières premières et ses déchets qui vont à la benne… ce modèle vertical n’est plus adapté aux enjeux sociétaux et environnementaux d’aujourd’hui.

Clairement plus.
C’est ce que nous disent les multiples alertes du GIEC et autres lanceurs d’alerte quant à nos modes de vie, de production et de consommation qui épuisent la planète et hypothèquent l’avenir de nos enfants.

Alors quoi, Lively ?
On arrête tout ? On cesse de créer, de fabriquer et de produire ?
On va tous se réfugier à la campagne pour élever des brebis et des poules ?
On se lance dans le tissage à la main de chaussettes en poils de chèvres ?

Bonne idée, c’est vrai. Mais non, ce n’est pas forcément le principe. Et cela ne marcherait probablement pas.

Il faut juste s’organiser différemment.

Parce que l’avenir de l’entreprenariat, c’est le réseau, la communauté et le partage.
Échanger, mutualiser, collaborer, apprendre les uns des autres, s’entraider, créer ensemble, travailler ensemble, vendre ensemble…

Ce dont on parle c’est d’une organisation du travail qui encourage les symbioses créatives et productives, qui respecte nos valeurs profondes, qui favorise les relations humaines et qui optimise très clairement l’exploitation des ressources.

Utopie ?

Non, bien sûr que non.

La preuve, il y a à Bruxelles un endroit qui incarne sans doute plus que tout autre cet esprit et cette dynamique collaborative.

Et ce lieu étrange où l’on créé ensemble, on partage et on apprend les uns des autres, il est à Saint-Gilles et il s’appelle Fais-Le Toi-Même.

Et on vous y emmène pour une visite guidée avec sa fondatrice, Élise Boon.

Déjà, c’est super grand et c’est plein de couleurs.


Surprenant système

Évidemment, c’est un peu nouveau comme concept.

On n’est pas là que pour louer des espaces à des créateurs. On n’est pas là que pour vendre les produits des entrepreneu·r·se·s locataires.
On n’est pas là non plus que pour louer des ateliers partagés.

Fais-Le Toi-Même, c’est un peu tout ça, c’est vrai.
Mais pas seulement.

En fait, c’est beaucoup plus que ça.
Et tout ça, ce n’est pas l’essentiel.

Dans l’esprit d’Élise, tout est né d’une idée et de valeurs.

L’idée ? Favoriser et encourager l’émancipation personnelle par l’entreprenariat créatif, l’artisanat et les savoir-faire manuels.

Les valeurs ?

« En fait, c’est un peu de l’ordre de l’utopie mais c’est de se fédérer en tant que communauté de créateurs, en tant que véritable écosystème durable.
Ce sont des valeurs de communauté et de ténacité.
Se soutenir les uns les autres pour retrouver la capacité de créer, construire ou réparer et que cela constitue un chemin vers l’émancipation, vers l’accomplissement de soi et l’autonomie de chacun. »

Élise Boon, fondatrice de Fais-Le-Toi-Même
Élise Boon, fondatrice de Fais-Le-Toi-Même

Dit comme ça, c’est bien beau, c’est vrai.
Mais concrètement, est-ce que ça fonctionne ?

Eh bien, il faut croire que oui.

Déjà, l’endroit est vraiment incroyable, c’est vrai.
Avec ses 1000 m² d’espaces mutualisés (vente, showrooms, stocks et coworking) et d’ateliers à deux pas de la Place Stéphanie, sa communauté de quelques 60 artisans et créateurs et ses nombreux bénévoles, Fais-Le Toi-Même constitue un véritable écosystème d’acteurs qui créent, partagent et produisent ensemble ou séparément.

Des espaces très, très agréables chez Fais-Le-Toi-Même

« C’est devenu une vraie communauté d’artisans créateurs et d’entrepreneurs durables, avec des activités assez diverses mais qui ont tous un peu les mêmes besoins et des ressources qui se complètent.

Il y a des bijoutières, des céramistes, des designers, il y a l’association Zéro Waste Belgium et Worms, les maîtres composteurs.
Il y a aussi une tisanière, quelqu’un qui retape des meubles et qui fait de l’upcycling ».

« Chez Fais-Le Toi-Même, on crée, on bricole, on travaille et on partage de manière créative et durable ».

Élise Boon, fondatrice de Fais-Le-Toi-Même

Une galerie de boutiques, d’ateliers et de créateurs à visiter d’urgence, en somme.


Mix Business Model

Ça fait envie, n’est-ce pas ?

Quitter le bureau, le clavier et les classeurs pour travailler de ses mains, dire bonjour tous les matins en arrivant à des femmes et des hommes qui partagent les mêmes passions et les mêmes valeurs, la satisfaction de la création artisanale, une vie qui a du sens, du rythme et du plaisir…

Oui, ça fait envie. Indéniablement.
Mais, du coup, comment ça marche ?

Question fondamentale, bien sûr.
Parce qu’on parle d’un projet entrepreneurial, de loyers et de charges à payer et de revenus à faire rentrer…

Du coup, Élise, c’est quoi le business model de Fais-Le Toi-Même ?
Les dépenses, on les imagine très bien mais quelles sont vos recettes ?

« C’est vrai que c’est un business model un peu compliqué, qui fonctionne schématiquement en vase communiquant.
On a une large gamme d’activités et de services vers le grand public tout d’abord, notamment des cours ou l’organisation d’évènements de sensibilisation et de marchés de créateurs.

On propose aussi des services pour les entreprises, en particulier des activités de Team Building ou d’ateliers.
Pour Fais-Le Toi-Même, cela représente des revenus assez stables, en fait, et nous en réinjectons une partie dans la gestion de l’écosystème et du site à Saint-Gilles.

L’idée, c’est que pour tous ces services, on associe au maximum nos créateurs.
D’ailleurs aujourd’hui, ce sont surtout les artisans du réseau qui profitent des espaces pour organiser leurs ateliers et leurs cours ».

Des espaces de travail confortables et fonctionnels.

OK, on comprend le principe.

Fais-Le Toi-Même est une Asbl qui commercialise des services auprès du grand public, des acteurs institutionnels (les communes, par exemple, pour l’organisation de marchés) et des entreprises désireuses de proposer ces activités à leurs collaborateurs.

Et ces recettes financent une part importante du fonctionnement de la structure.

Par ailleurs, les créateurs, artisans et autres acteurs durables qui sont accueillis payent un loyer pour leur espace dédié ainsi qu’une cotisation annuelle de 150 € qui leur donne accès à une large gamme de services, parmi lesquels :

  • Création (et affichage) d’un label éco-responsable « créatif & durable »
  • Participation à des évènements de circuit court et des actions commerciales collectives
  • Accès à des shooting photo de produits, intégration dans l’annuaire web et promotion sur les réseaux sociaux
  • Mise en relation des coopérateurs avec des réunions trimestrielles et des apéros créateurs
  • Transmission des demandes de clients qui contactent le réseau
  • Mise à disposition d’espaces (ateliers, coworking, etc.) – A la demande
  • Conseil social : orientation vers une solution d’emploi ou de statut non précaire – A la demande
Esprit coopératif et de partage chez Fais-Le-Toi-Même

Du coup, si vous avez l’envie, vous aussi, de rejoindre l’écosystème créatif et durable de Fais-Le Toi-Même, c’est ici qu’il faut demander.


Circlemade in Brussels

Vous le savez bien, chères lectrices et chers lecteurs, circlemade.brussels c’est le cluster bruxellois de l’économie circulaire coordonné par hub.brussels, l’agence bruxelloise pour l’accompagnement de l’entreprise.

Du coup, pour Fais-Le Toi-Même, c’était une évidence absolue que de rejoindre et de s’impliquer dans ce réseau des acteurs de référence du secteur.

« C’est vrai. Être membre de circlemade.brussels, c’était une suite logique de notre développement.
Après avoir suivi le parcours d’accompagnement du GreenLab, on voulait conserver des liens avec toutes celles et ceux qu’on avait rencontré·e·s à cette occasion.
Et c’est chez circlemade.brussels que ça se passe ».

« Après toutes ces belles rencontres qu’on fait grâce au GreenLab, rejoindre circlemade.brussels, c’était le meilleur moyen pour nous de conserver des liens avec tous ces gens avec lesquels on s’entendait vraiment bien.

Nombre d’entre eux sont d’ailleurs devenus des amis.
Et avec de vrais plus entrepreneuriaux. On partage les mêmes problématiques, les mêmes envies de collaborer et de fonctionner en réseau ».  

Élise Boon, fondatrice de Fais-Le-Toi-Même

Et Élise a voulu aller plus loin dans cette participation puisqu’en juillet dernier, elle a rejoint le conseil stratégique de circlemade.brussels qui définit, avec hub.brussels, les grandes orientations du cluster.

Qu’est-ce qui t’a poussé à t’impliquer ainsi, Élise ?

« Précisément l’envie de poursuivre et d’amplifier cette mise en réseau et ces échanges qui sont au cœur du projet de Fais-Le Toi-Même, mais de manière plus formelle, plus décisive.
Et aussi de porter la voix des membres de Fais-Le Toi-Même, de les représenter au mieux et de promouvoir les intérêts des artisans et créateurs de notre communauté ».

Alors, là, on tient peut-être un scoop quant aux ambitions et orientations du cluster pour les mois et années à venir.

« Oh non, pas encore. Pour être honnête, c’est encore un peu tôt. Construire cette vision, cette stratégie, c’est justement notre grand chantier du moment. Et il faut que ce soit une démarche collective, donc forcément, ça prend un peu de temps ».

Affaire à suivre donc. On reste sur l’affaire.


Réfléchir et agir

Après chacune des rencontres que nous avons le plaisir de faire pour Lively, nous demandons à celles et ceux qui nous font l’honneur de nous accueillir un petit mot pour vous, chères lectrices et chers lecteurs.

Et, pour Élise, ce qui importe, c’est d’agir en fonction de ses convictions.

« Je pense, en effet, qu’il est important que chacun, s’il en a la possibilité, doit essayer de prendre le temps de réfléchir à son impact sur le monde, à l’impact de son activité et de son travail.

Et, pour celles et ceux qui ont envie de se reconnecter avec les choses qui ont du sens pour l’avenir, il faut oser.
Parce qu’en fait, il est plus que temps.
Les responsabilités ne sont pas forcément individuelles mais choisir où et comment on travaille, ce qu’on a envie de faire, c’est important et ça a vraiment du sens ».

Merci, Élise.

Réfléchir et agir.
Parce qu’il est plus que temps. On est bien d’accord.


Sources Photos : Fais-Le-Toi-Même


Cet article a été réalisé en partenariat
avec hub.brussels, l’agence bruxelloise des entreprises.


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